Résumé

Les deux années de distanciation physique qui viennent de s’écouler ont mis en évidence l'importance des relations dans nos vies : relations avec nos amis et notre famille, mais aussi avec le monde naturel et la société en général. Et pourtant, les exemples de relations qui ont besoin d’être réparées et consolidées ne manquent pas autour de nous, comme en témoignent les inégalités systémiques persistantes, les clivages sociaux, les changements climatiques et les problèmes de santé mentale.

En tant qu'espaces partagés dans nos villes, les parcs jouent un rôle important dans l'établissement de relations. Ce sont des lieux de prédilection pour prendre soin de nous, mais aussi pour voir des gens que nous connaissons, et savourer un moment de partage avec des personnes que nous ne connaissons pas. Certains moments peuvent nous mettre mal à l’aise, mais souvent de l'inconfort naît le développement personnel. Les parcs urbains sont un terrain d’expérimentation pour apprendre à partager notre espace, et parfois à en céder une partie.

Le rapport de cette année commence à dépasser les répercussions de la pandémie et étudie ce que nous avons appris au cours des deux dernières années en vue de paver la voie vers une planification, une conception et des programmes plus équitables et innovants pour les parcs.

Au gré de nos recherches pour rédiger les articles du Rapport sur les parcs urbains du Canada de cette année, nous avons relevé d'innombrables exemples de ces initiatives au Canada. Des membres du public, des organisations à but non lucratif et des Villes nous ont fait part des programmes innovants qu’ils mènent dans les parcs et qui permettent de rassembler les gens au-delà de leurs différences, de reconnaître et réparer les erreurs, et de célébrer la joie que nous procurent nos liens avec la nature et les autres.

Cette année, vous lirez des articles portant sur notre relation à la nature, la décolonisation, les collaborations locales, les programmes de financement innovants et l’utilisation des parcs comme relais solidaires.

Établir des liens forts repose sur la notion de réciprocité. Comme l'a souligné Carolynne Crawley dans sa contribution à l’article sur notre relation à la nature dans le rapport de cette année : « En tant qu’êtres humains, nous avons la responsabilité individuelle et collective d’entretenir de bonnes relations avec notre planète Terre, tout comme nous devons entretenir de bonnes relations avec nous-mêmes et les autres. » Cette notion de réciprocité, omniprésente dans les enseignements Autochtones, repose sur la pratique de la gratitude, sur le fait d'être conscient et réceptif vis-à-vis des cadeaux que nous offrent notre environnement et les autres.

Selon nous, les parcs représentent l'endroit idéal pour mettre en œuvre les principes de réciprocité et de gratitude. Nous espérons que les articles contenus dans le rapport de cette année vous donneront à la fois l'inspiration et le désir d'agir de la sorte dans vos collectivités respectives. Après deux ans de confinement, il est temps de se retrouver.

Vous trouverez ci-dessous un bref aperçu de ce que nous avons appris cette année via nos recherches, entretiens et sondages auprès des Villes participantes et du grand public. Pour en savoir plus, nous vous encourageons à lire les articles de chaque rubrique et à consulter la page de données pour obtenir des statistiques pertinentes et des renseignements spécifiques à chaque Ville participante.

La popularité des parcs

Les Villes canadiennes ont encore vu augmenter le temps passé par leurs populations dans les parcs. À cet égard, de nouvelles statistiques recueillies dans notre sondage auprès de plus de 3 000 personnes vivant en ville montrent que cette hausse de la fréquentation n'est peut-être qu'un début.

Si 55 % de ces personnes ont déclaré avoir passé plus de temps dans les parcs l'an dernier par rapport à l'année précédente, 58 % ont également déclaré qu'elles aimeraient y passer encore plus de temps. Les avantages que les citadines et citadins retirent des parcs sont également en hausse. Cette année, les personnes interrogées ayant déclaré que les parcs étaient bénéfiques pour leur santé mentale sont passées de 85 % l'an dernier à 94 % cette année, et de 81 % à 91 % en ce qui concerne les bienfaits physiques.

Ce désir de passer plus de temps dans les parcs et l'augmentation du pourcentage concernant les avantages des parcs peuvent s’expliquer par les nouvelles activités découvertes et réalisées pendant la pandémie. Qu'il s'agisse de se promener plus souvent sur des sentiers, de manger en plein air ou de passer plus de temps dans des zones naturalisées, les citadines et citadins utilisent leurs parcs comme jamais auparavant pour réaliser des activités qu'ils ne faisaient pas avant la pandémie.

Redonner à la nature

Il n'est pas surprenant que les gens aient continué à être attirés par la nature en ville afin de se détendre pendant la pandémie. Et tout ce temps supplémentaire passé en plein air s'est traduit par une envie de faire sa part, notamment en participant à des activités d’intendance environnementale. À cet égard, des recherches montrent que les personnes qui se sentent plus proches de la nature font souvent preuve d’un plus grand intérêt pour les activités respectueuses de l'environnement.

Dans l'ensemble, 87 % de la population des villes ont déclaré se sentir connectés à la nature, tandis que 4 % seulement ont déclaré s’en sentir déconnectés; un chiffre relativement stable indépendamment des origines raciales et sociales. Toutefois, le degré de connexion à la nature semble croître avec l'âge, puisqu'il s’élève à 83 % pour les 18-29 ans et à 94 % pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Beaucoup recherchent cette expérience près de chez eux : 71 % ont indiqué que fréquenter des espaces naturalisés à moins de 10 minutes de marche les aidait à renforcer leur sentiment d'attachement à la nature.

Cet intérêt accru pour les espaces naturels a aussi eu des conséquences pour les Villes : 59 % ont indiqué qu'elles avaient créé des programmes d’intendance environnementale ou allaient les élargir pour répondre à la demande grandissante.

On nous a également fait part de l’importance de reconnaître et d’honorer dans les activités d'éducation et d'intendance environnementales le rôle des peuples Autochtones en tant que gardiennes et gardiens inhérents de la terre. Ceci comprend de souligner le travail des organismes Autochtones en soutenant leurs programmes et en établissant des relations solides avec ceux-ci.

Key takeaways
  • S'attaquer aux obstacles qui entravent l'accès à la nature en ville, comme le manque de temps, l'accès insuffisant aux zones naturelles de proximité et les difficultés d'accès. Prioriser les investissements dans les espaces naturalisés des parcs de quartier, les activités visant à découvrir la nature chez soi, les transports gratuits pour se rendre dans les grands parcs, et la possibilité de suivre un parcours audioguidé dans la nature.

  • Promouvoir la réciprocité dans les programmes et l'éducation à l’environnement en sensibilisant le public à la fois aux vertus de la nature pour son bien-être personnel et aux manières de redonner en participant à des activités d'intendance environnementale : que ce soit en prêtant attention à son impact individuel ou simplement en ramassant des déchets sur son sentier préféré.

Souligner le leadership Autochtone

La décolonisation, la représentation Autochtone et le leadership des peuples Autochtones dans les parcs urbains est une priorité de plus en plus importante pour les Villes du Canada, qui mènent certaines initiatives dans ce sens. Toutefois, comme l’indiquent les articles présentés dans le rapport de cette année, il reste encore beaucoup à faire et à apprendre pour corriger les erreurs passées et actuelles. Étudier comment les parcs municipaux pourraient prendre part au mouvement de restitution des terres [Land Back mouvement en anglais] en constitue un exemple.

Par ailleurs, certains de nos articles s’intéressent à de nouveaux projets de parcs planifiés aux côtés des Autochtones, comme le parc kihciy askiy* à Edmonton, les changements de noms revendiqués par des groupes Autochtones, et la promotion des plantes indigènes pour leurs valeurs culturelle et naturelle.

À cet égard, 76 % des Villes ont déclaré qu’intégrer les notions de réconciliation et de décolonisation dans la planification et les politiques des parcs était devenu une plus grande priorité depuis l’an passé, 57 % indiquant qu'elles avaient entamé ou achevé un processus pour renommer les parcs afin d’honorer l'histoire et la présence continue des Autochtones.

Quant aux résidentes et résidents des villes, ils sont également favorables à ces mesures. 59 % se sont déclarés en faveur du changement de nom des parcs, tandis que 87 % souhaitent y voir davantage de plantes indigènes, et enfin 68 % aimeraient que les parcs soient conçus en tenant davantage compte de la culture Autochtone.

Key takeaways
  • Veiller à ce que la consultation auprès des groupes Autochtones soit au premier plan des initiatives d'amélioration des parcs. Les parcs urbains se trouvant sur des territoires Autochtones, il est essentiel de concerter ces groupes à titre de détenteurs de droits. Pour ce faire, il sera nécessaire de se familiariser avec les façons de faire et la culture Autochtones du territoire sur lequel est implantée la ville.

  • Le retour et la conservation des espèces végétales indigènes doivent être une priorité. Et ce travail doit s’appuyer sur une collaboration avec les personnes Autochtones connaissant ces plantes et sur la manière dont elles s'intègrent dans un éventail plus large d'espèces.

Les budgets alloués aux parcs

Même avant la pandémie, les budgets dédiés aux parcs étaient continuellement mis à rude épreuve. En effet, si vous avez lu les trois derniers Rapports sur les parcs urbains du Canada, vous aurez peut-être l’impression que nous commençons à nous répéter. À cet égard, 86 % des Villes ont indiqué avoir des budgets de fonctionnement insuffisants, et 97 % ont cité le vieillissement de leurs infrastructures comme un réel défi.

Même si les budgets sont restés stables, les municipalités ont dû en faire plus – parfois beaucoup plus –, car les services des parcs ont dû assumer la propreté et la surveillance des parcs liées aux mesures de santé publique.

Deux tiers des personnes vivant en ville considèrent que leurs parcs sont bien entretenus, mais 87 % souhaitent que davantage de fonds publics y soient investis, en particulier pour l'entretien et des aménagements de meilleure qualité.

Au sortir de la pandémie, planifier l'avenir des parcs représente à la fois un défi et une opportunité. À cet égard, 93 % des Villes ont déclaré que la pandémie avait retardé les projets de développement des parcs ou augmenté leurs coûts, rendant ainsi leur revitalisation plus coûteuse. Ce défi aura certainement des ramifications à plus long terme.

Cependant, nombre d'entre elles intensifient actuellement leurs activités de planification axées sur l'équité pour veiller à ce que les fonds aillent aux populations qui en ont le plus besoin ou qui ont le plus souffert du manque d’investissement dans le passé. Quant aux nouveaux investissements du gouvernement fédéral, comme le financement par Parcs Canada d'un réseau de parcs urbains nationaux, ils procureront des ressources supplémentaires.

Key takeaways
  • Ajouter la question de l’équité dans les investissements pour les parcs en intégrant dans leur planification des informations telles que les données démographiques, l’historique des investissements et les mesures environnementales, comme la couverture forestière. Cela permettrait aux Villes de donner la priorité à l'investissement dans les parcs au-delà des seules mesures pour répondre à la croissance et au développement, qui ont tendance au fil du temps à négliger les quartiers moins soumis aux effets du développement.

  • Envisager des possibilités de financement plus participatives pour les espaces publics, permettant au public d’investir activement dans la budgétisation participative ou des bourses plus flexibles. Prévoir suffisamment de temps pour le personnel afin de mobiliser le public et mener des discussions internes pour développer les projets sortant éventuellement du cadre de travail habituel des Villes.

Maximiser la mobilisation

La pandémie a transformé la manière de mobiliser le public à propos des parcs, bouleversant les traditionnelles méthodes de réunion en personne, comme les assemblées publiques, et mettant les Villes au défi de réimaginer la mobilisation publique. Face à la situation, les Villes ont répondu présent, 92 % d'entre elles déclarant que la pandémie avait modifié leur façon de concerter la population.

Néanmoins, beaucoup de résidents ont toujours l'impression de ne pas avoir leur mot à dire. Seuls 22 % ont déclaré avoir le sentiment d'avoir voix au chapitre ou la capacité d'influencer les décisions liées à leurs parcs, citant comme principaux obstacles le fait de ne pas savoir comment s'investir, si leur participation a une importance et le manque de temps pour participer. Ces obstacles se sont avérés plus importants chez les personnes interrogées s'identifiant comme PANDC, ce qui souligne la nécessité d'approfondir les relations avec les groupes en quête d'équité.

Certaines Villes commencent à se pencher sur la question en sollicitant régulièrement la population, et ce, au-delà des consultations ponctuelles sur leurs projets. 44 % des groupes citoyens mobilisés pour un parc ont déclaré entretenir des liens solides avec leur municipalité, et 83 % ont dit vouloir approfondir cette relation, preuve que la société civile souhaite collaborer davantage à l'aménagement de leurs parcs.

Key takeaways
  • Adopter une approche proactive et axée sur les quartiers pour établir des relations durables avec les groupes locaux afin de rester à l'écoute des besoins émergents et mettre en place une relation de confiance solide avant le lancement du processus de concertation officiel.

  • Évaluer les politiques et pratiques internes pour veiller à l’instauration de protocoles permettant d'éliminer les obstacles à la participation, de fournir une compensation adaptée aux partenaires locaux, de maintenir le lien en cas de rotation du personnel et de formaliser la transmission des comptes-rendus des concertations publiques aux personnes participantes.

Repenser les approches liées à l’itinérance

La question de l’itinérance, de plus en plus complexe et visible dans les parcs, se trouve au premier plan des préoccupations tant des municipalités que des citadines et citadins. Pourtant, on assiste également à une grande empathie de la part de la population et à la création d’initiatives innovantes illustrant de nouvelles approches de la part des organismes locaux et des Villes.

Après les démantèlements violents et largement critiqués* des campements au cours de l'été 2021, les efforts de plaidoyer de la population ont contribué à changer la donne et poussé les services des parcs à repenser leur rôle face à la question de l’itinérance. Ainsi, certaines Villes ont commencé à adopter une approche fondée sur les droits de la personne, en fournissant des aménagements et des services dans les parcs et en dialoguant davantage avec les personnes sans logement.

Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire. 90 % des municipalités ont déclaré que la question de l’itinérance dans les parcs représentait un défi pour elles cette année, soit le même pourcentage qu'en 2021. Le personnel des parcs a souvent le sentiment de ne pas être bien équipé pour répondre à la situation, 56 % des Villes citant comme obstacles le manque de connaissances sur le sujet, et 48 % l’absence de directives stratégiques globales allant au-delà de la gestion des situations quotidiennes. Les principales stratégies que les Villes déclarent utiliser sont l'application des règlements (76 %) et l’adoption d’une optique de prévention de la criminalité pour la conception des parcs (66 %); les méthodes impliquant un dialogue direct avec les personnes sans logement étant beaucoup moins courantes (10 %).

Alors que l’attention à propos des campements se porte souvent sur les conflits, 62 % des personnes que nous avons interrogées, ayant remarqué un ou plusieurs camps de fortune dans leur parc, ont déclaré que cela n’avait aucunement nui à leur fréquentation des parcs. Ceci montre qu'il est possible d’adopter des approches plus justes et inclusives, basées sur l’établissement de relations et le partage de l'espace, et contribuant au bien-être des personnes sans logement vivant dans les parcs.

Key takeaways
  • Investir dans le bien-être matériel et social des personnes sans logement en veillant à la présence d’aménagements et de services de base dans les parcs, mais aussi en concevant des programmes tirant parti des compétences, des intérêts et de l’esprit créatif des gens. Concevoir des programmes en collaboration avec les personnes sans logement pour veiller à ce que ces activités n'entraînent pas leur déplacement ou les mettent mal à l’aise.

  • Gérer les camps de fortune dans les parcs de façon humaine plutôt opérationnelle, en s'appuyant sur les compétences sociales et l’esprit rassembleur des professionnels des parcs. Établir des liens avec les personnes sans logement et les partenaires sociaux, tout en favorisant une culture organisationnelle d'ouverture, de réflexion et d'apprentissage.

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