2023
Indicateurs
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Au cours des cinq dernières années, notre objectif, pour notre Rapport sur les parcs urbains du Canada, a toujours été de raconter une histoire, afin de rendre compte de l’évolution des parcs urbains et de l’orientation qu’il convient de leur donner.

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Cette année, nous avons adopté une approche encore plus approfondie pour recueillir ces histoires. Nous avons interrogé 44 responsables des parcs dans 30 municipalités qui nous ont fait part, avec beaucoup de générosité, des défis auxquels ils sont confrontés, les projets et les personnes qui les inspirent, ainsi que leurs ambitions pour les parcs urbains.

Ce rapport regroupe donc les thèmes abordés lors de ces conversations en se basant sur les données recueillies via nos sondages auprès de 35 municipalités et plus de 2 000 citadin·es au Canada.

Le rapport des Ami·es des parcs coïncide avec la mise à jour et la parution à venir de notre théorie du changement, une feuille de route décrivant nos ambitions pour faire changer les choses dans le monde. Cette feuille de route part du principe que les parcs jouent un rôle essentiel dans la transition vers plus d’équité dans les villes en favorisant la prospérité des résident·es et de la nature.

Pour ce faire, nous nous engageons à travailler avec des agent·es du changement, comme les membres du personnel gouvernemental et d'autres professionnel·les des parcs. Dans cette optique, nous visons non seulement à partager nos connaissances, mais aussi à proposer des orientations politiques stratégiques, des solutions innovantes et des outils concrets pour nous aider à susciter ensemble un changement.

Au cours des trois dernières années, nous avons fait état de la forte augmentation de la fréquentation des parcs urbains au Canada.

Au plus fort de la pandémie, les gens se sont tournés vers les parcs pour maintenir des liens sociaux en toute sécurité, faire de l'exercice et se détendre.

Depuis lors, ces nouveaux modes de fréquentation se sont consolidés pour former une nouvelle base de référence, bien supérieure à celle d'avant la pandémie.

Dans les premiers jours de la pandémie, 55 % des villes participantes au rapport ont fait état d'une augmentation de la fréquentation des parcs — un résultat significatif, mais pas surprenant si l'on considère que de nombreux espaces intérieurs ont été fermés pendant cette période.

« La pandémie a entraîné une forte augmentation de la fréquentation des parcs urbains du Canada. Bien que la hausse de la fréquentation des parcs soit une bonne chose, nous ne pouvons ignorer leur utilisation abusive. »
 un•e employé•e municipal•e
Le parc love Park, Toronto, Clémence Marcastel, Ami•es des parcs, 2023

Toutefois, cette fréquentation n'a pas diminué au cours des dernières années; elle a même augmenté.

Entre 2020 et 2022, la fréquentation des parcs a encore augmenté de 15 % par rapport aux niveaux de la pandémie de 2020.¹

« Nos espaces ouverts sont plus prisés que jamais. Cela entraîne, sur le plan opérationnel, des besoins de maintenance additionnels, ainsi que des besoins changeants. »
 un•e employé•e municipal•e

Bien que la hausse de la fréquentation des parcs soit une bonne chose, ce phénomène engendre également une pression croissante sur les services des parcs, déjà mis à mal par des années d'austérité budgétaire. Elle pourrait aussi entraîner davantage de conflits entre les usager·es des parcs qui partagent ces espaces.

« Les parcs ne doivent pas être négligés et leur importance est équivalente à celle de tout autre service municipal. »
 un•e employé•e municipal•e

Les indicateurs utilisés pour les parcs reposent souvent sur des mesures quantitatives.

On mesure par exemple le nombre de résident·es vivant à moins de cinq minutes de marche d'un parc, ou le nombre d'hectares de parcs d'une Ville pour mille résident·es.¹ Mesurer la quantité de parcs présente son lot de complexités, mais s’avère toutefois plus facile à calculer que la qualité des parcs, qui est un concept plus flou. Pourtant, la qualité peut avoir autant, sinon plus, d'influence sur la fréquentation et l'expérience des usager·es des parcs.

Si un parc se trouve à cinq minutes de marche, mais qu'il n'offre aucune des infrastructures dont vous avez besoin, que vous ne vous y sentez pas en sécurité ou que tout semble délabré, vous serez alors peu susceptible de le fréquenter. En effet, notre sondage a montré que la principale raison qui dissuadait les résident·es de fréquenter un parc était le manque d'infrastructures adéquates.

L'état de ces infrastructures constitue un autre facteur déterminant pour évaluer la qualité d’un parc. Et toutes les Villes canadiennes sont confrontées à des infrastructures vieillissantes.

« Lorsque nous concevons [des parcs], nous avons également en tête leur maintenance. Disposer de quelque chose de remarquable, mais dont l’entretien quotidien requiert un investissement considérable ne représente pas un modèle viable. »
 un•e employé•e municipal•e
Parc Andrée Lachappelle, Montréal, Clémence Marcastel, Ami•es des parcs, 2022

Le deuxième défi est la collecte de données représente un autre défi. Bien que la plupart des Villes fixent des objectifs quantitatifs pour leurs parcs, peu recueillent des données sur leur « qualité ». Pour celles qui rassemblent des données qualitatives, celles-ci portent souvent uniquement sur la présence et la répartition des infrastructures comme des fontaines à eau, des terrains de soccer et des bancs. Bien que ces données soient essentielles, elles semblent mesurer des indicateurs quantitatifs sous une autre forme.

Enfin, le troisième et plus grand défi auquel les Villes se disent être confrontées porte sur la gestion de leurs actifs. Si les Villes n’ont pas pleinement connaissance de la qualité de leurs actifs, comment sont-elles censées investir stratégiquement dans la qualité de leurs parcs?

« Nous sommes actuellement confronté·es au manque de ressources financières pour renouveler [les aménagements au sein des parcs] et il est possible que nous soyons contraint·es de les retirer, ce qui sera très difficile à accepter pour le public qui perdrait ces biens. »
 un•e employé•e municipal•e

Qui plus est, la plupart des Villes ne tiennent pas compte des questions d’équité dans la planification de leurs parcs en étudiant notamment des facteurs comme les revenus, l’origine ethnique, l'âge et les niveaux d'investissement antérieurs dans les différents quartiers.

« Nous disposons de fonds suffisants pour construire de nouveaux parcs, n’est-ce pas ? Or, nous aggravons notre problème en construisant davantage de superbes parcs sans disposer des ressources financières nécessaires pour les remplacer ce qui doit l’être ni en mettant de côté les fonds requis pour les maintenir à travers le temps. »
 un•e employé•e municipal•e

Évaluer la qualité des parcs et de leurs infrastructures tout en planifiant des mesures visant plus d'équité permettrait aux Villes d'allouer plus stratégiquement des fonds aux zones où les besoins sont les plus importants et d’effectuer les améliorations les plus pertinentes pour leurs résident·es.

En raison de leur expansion démographique, les municipalités requièrent de nouveaux types de parcs pour servir les quartiers les plus denses, en particulier les anciennes villes de banlieue qui connaissent une urbanisation grandissante.

De plus en plus de municipalités testent les parcs linéaires et les voies vertes, les terrains grevés (comme les parcs construits au-dessus d’un stationnement) et les espaces publics privés (POPS en anglais).

Ces espaces présentent toutefois leurs propres défis. Par exemple, les réparations effectuées dans un stationnement souterrain peuvent affecter le parc au-dessus, tandis que les POPS posent la question de la surveillance (et souvent la restriction) de l'utilisation de l'espace public par des sociétés de sécurité privées.

La transformation des rues en parcs est une autre initiative étudiée par les Villes qui cherchent à exploiter les terrains municipaux existants afin de créer de nouveaux espaces publics. Cette mesure bénéficie d’ailleurs du soutien important des résident·es de ces municipalités. Il pourrait s'agir d'un effet de la pandémie : de nombreuses Villes ont converti des rues en terrasses de restaurant, et certaines ont institué des « rues lentes » qui ralentissent la circulation routière pour accroître les espaces de détente et pour faire de l'exercice.

« Parmi les changements les plus décisifs auxquels nous sommes actuellement confronté·es, il y a cette poussée très marquée en faveur d’une urbanisation à haute intensité et à forte croissance. Cela a un impact majeur sur notre manière de concevoir les parcs…J’y vois une occasion exceptionnelle de développer à l’avenir des concepts de parcs vraiment créatifs, en partie par nécessité et en partie en raison de la pertinence de repenser notre philosophie sur la conception. »
 un•e employé•e municipal•e
Wexford Bloom, Kat Rizza, PlazaPOPS, 2023

Étant donné la difficulté et le coût d'acquisition de nouveaux terrains dans de nombreux endroits, la tentation sera de plus en plus grande pour les municipalités d'utiliser des terrains faisant déjà partie de l'espace public, comme les rues, en particulier. Dans la plupart des villes, l'espace dédié aux rues dépasse largement l'espace dédié aux parcs. À Vancouver par exemple, 10 % de l’espace public est consacré aux parcs et 28 %* aux rues.

« L’aspect difficile, à mes yeux, réside dans le processus d’acquisition, car la croissance démographique la plus rapide se produit là où les terrains disponibles sont plus rares. »
 un•e employé•e municipal•e

Étant donné les éventuels chevauchements entre espaces publics et privés, entre les différents services municipaux et niveaux de gouvernement, un grand nombre de ces nouveaux espaces verts nécessiteront de nouveaux mécanismes de financement ainsi que de nouvelles ententes de collaboration.

« Les espaces publics sous propriété privée [POPS en anglais] deviendront une partie intégrante des parcs à l’avenir. Il est de plus en plus fréquent que des espaces privés remplissent des fonctions d’usage public, ce qui a des répercussions sur le plan social. »
 un•e employé•e municipal•e

Étant donné les éventuels chevauchements entre espaces publics et privés, entre les différents services municipaux et niveaux de gouvernement, un grand nombre de ces nouveaux espaces verts nécessiteront de nouveaux mécanismes de financement ainsi que de nouvelles ententes de collaboration.

Nous pourrions penser que les parcs sont des espaces naturels, mais beaucoup font l’objet d’un entretien considérable et sont conçus pour répondre à la demande de loisirs des humains, avec des terrains de sport, des aires de pique-nique avec des pelouses bien tondues, des parterres de fleurs ornementales et d'autres aménagements.

Dans notre Rapport sur les parcs urbains du Canada de 2022, par exemple, les Villes interrogées ont indiqué qu'un peu moins de la moitié de l'ensemble des parcs était considérée comme des zones « naturelles ».

Cependant, au cours des deux dernières années, nous avons constaté une tendance croissante à augmenter les zones naturelles, y compris en créant des « micro-espaces » naturalisés dans les parcs de quartier existants.

« L’aménagement paysager ici a été largement influencé par une esthétique coloniale : on y trouve de nombreuses espèces non indigènes et des jardins ornementaux. Nous sommes en train de réaliser une transformation majeure dans la conception urbaine en rétablissant un paysage plus naturel dans nos espaces verts. »
un•e employé•e municipal•e
Jardin pollinisateur, Vancouver, Hives for Humanity, Ami•es des parcs, 2019

Ces parcs naturalisés permettent notamment aux Villes d’atteindre leurs objectifs en matière de résilience climatique et de biodiversité en recréant des habitats composés d’espèces indigènes et favorisant la croissance plus mixte des plantes de sous-bois afin d'atténuer l'effet des îlots de chaleur urbains.

Certaines Villes ont indiqué que les zones naturalisées nécessitaient moins d'entretien et pouvaient éventuellement permettre de faire des économies sur les budgets opérationnels. D'autres ont cependant souligné que certains espaces naturalisés, en particulier les infrastructures vertes, telles que les fossés végétalisés et les jardins pluviaux, nécessitaient une formation spécialisée du personnel et un entretien pour fonctionner correctement.

« Nous aspirons à introduire davantage d’éléments inspirés de la nature dans nos espaces verts. Le défi consiste à obtenir une adhésion de l’opinion publique... Il subsiste toujours cette idée que les parcs doivent être entretenus à la perfection et qu’ils doivent demeurer impeccables en tout temps… Dès lors, il est primordial de ne pas négliger cette composante éducative. »
un•e employé•e municipal•e

Les résultats de notre sondage montrent que ces espaces sont de plus en plus populaires auprès des résident·es. Ceci n'est pas surprenant, car comme nous l'avons déjà fait remarquer, pendant la pandémie, de nombreux résident·es ont davantage fréquenté des espaces naturels – une habitude qui a perduré.

Néanmoins, en plus de l’augmentation de la fréquentation des parcs, la popularité et l'utilisation accrues des espaces naturels s’accompagnent de défis particuliers. Les Villes doivent gérer les dégâts dans les zones écologiquement fragiles, causés notamment par les personnes sortant des sentiers battus.

« Le nombre de sentiers pour vélos tout-terrain [non officiels] qui sont apparus est impressionnant. Ainsi que des sentiers parallèles menant au même endroit, à une distance de 15 pieds l’un de l’autre…je pense que la solution passe par l’éducation et, pourquoi pas, par la planification temporelle : peut-être que pendant certaines saisons de l’année, nous pourrions en fermer et permettre à la faune de prendre sa place. »
un•e employé•e municipal•e

Dans certaines villes, cela a également entraîné un changement notable dans le comportement de la faune, chassant les animaux vers des zones adjacentes et provoquant des conflits. Des stratégies, comme la création de sentiers balisés et l’installation de panneaux éducatifs pour sensibiliser le public, peuvent contribuer à minimiser les répercussions sur les habitats fragiles.

Les changements climatiques ne représentent plus une menace lointaine – ils sont déjà là.

Les villes du Canada ressentent déjà les effets de ces perturbations au quotidien, notamment dans leurs parcs, avec les dégâts accrus causés par des conditions météorologiques extrêmes et les tempêtes « historiques » qui surviennent désormais avec une fréquence terrifiante.

« En raison de la chaleur urbaine, nos parcs deviendront des refuges pour se protéger de la chaleur, se rafraîchir et se ressourcer. »
un•e employé•e municipal•e
Projet de protection contre les inondations et de revitalisation des terrains portuaires de Toronto, Sean Brathwaite, 2023

Les discussions sur les conséquences des conditions météorologiques extrêmes sur les parcs portent souvent sur la chaleur, la sécheresse et les inondations, mais le vent constitue aussi un autre élément destructeur.

Un certain nombre de Villes nous ont indiqué que l'augmentation et la persistance de la vitesse des vents violents pendant les tempêtes causaient de plus en plus de dégâts dans leur couverture arborée. Cette mauvaise nouvelle est d’autant plus inquiétante que les Villes tentent d'augmenter leur couvert végétal en vue d’atténuer les effets des changements climatiques. Bien que certaines mesures proactives puissent être prises, telles que la surveillance régulière de la santé des arbres, contrairement aux inondations dont les effets peuvent être atténués grâce à des mesures d’urbanisme, il est plus difficile de prévenir les dégâts causés par le vent.

« Nous reconnaissons que les communautés les plus vulnérables sont confrontées à des problèmes de manque ou de réduction des canopées arborées. »
un•e employé•e municipal•e

Presque toutes les Villes ont indiqué que lutter contre les effets des changements climatiques présentait un défi pour elles. Toutefois, un peu plus de la moitié d'entre elles seulement ont déclaré qu'elles se sentaient dotées des connaissances et des outils nécessaires pour y faire face dans le cadre de leur travail dans les parcs.

Presque toutes les Villes ont indiqué que lutter contre les effets des changements climatiques présentait un défi pour elles. Toutefois, un peu plus de la moitié d'entre elles seulement ont déclaré qu'elles se sentaient dotées des connaissances et des outils nécessaires pour y faire face dans le cadre de leur travail dans les parcs. _

Ce décalage concernant l'un des défis les plus importants de notre époque est inquiétant, quoique peu surprenant compte tenu de l'ampleur et de la complexité du défi que représente la crise climatique. Une des solutions pourrait être de collaborer avec d'autres services municipaux ayant des connaissances spécialisées ainsi qu’une responsabilité quant aux espaces publics.

Cependant, cela ne veut pas dire que les Villes canadiennes traînent les pieds pour s'adapter aux changements climatiques dans leurs parcs. Bien que près de la moitié des Villes ne considèrent pas que la majorité de leurs parcs soient bien conçus pour résister aux effets des changements climatiques, elles ont également énuméré un certain nombre d'améliorations qu’elles ont apportées à leurs parcs en matière de résilience climatique. Celles-ci comprennent notamment d'accroître les infrastructures vertes pour gérer les eaux pluviales, d'augmenter les plantes indigènes pour mieux s'adapter à l'évolution du climat et d'établir des cartes thermiques pour s'assurer que les investissements pour verdir les quartiers sont alloués là où ils sont le plus nécessaires.

« Nous observons une forte augmentation de l’intensité des tempêtes, qui malmène nos rivages. Il s’agit là d’une occasion pour réparer notre littoral et améliorer l’espace public. Je crois qu’il existe d’énormes possibilités pour aborder les effets des changements climatiques sur les espaces publics et pour améliorer ces lieux tout en les rendant plus sûrs et pourquoi pas, dynamiques aussi. »
un•e employé•e municipal•e

Tous ces aspects sont importants, mais nous avons également constaté que de nombreuses Villes abordaient la question de la résilience climatique dans leurs parcs de manière ponctuelle, projet par projet, plutôt que dans le cadre d'une stratégie globale. Des mesures supplémentaires doivent être prises pour intégrer ces éléments dans les normes de construction des parcs et dans la formation du personnel afin de veiller à conserver ces connaissances spécialisées même lorsque des membres du personnel quittent leur poste. En outre, nous avons constaté que peu de Villes collaboraient avec les groupes Autochtones pour intégrer les connaissances traditionnelles dans les mesures de résilience climatique prises à la fois lors de la conception et de la planification des parcs.

Malgré une sensibilisation et un dialogue accrus sur l'équité au cours des trois dernières années, de nombreux services des parcs pensent encore que l’équité passe uniquement par une meilleure répartition des infrastructures et des parcs.

Bien que l'accès à des parcs de qualité soit déterminant en matière d'équité, cette vision limitée des choses ne tient pas compte des inégalités que ressentent les usager·es de certains espaces verts, en fonction de certains critères socioéconomiques comme l’origine ethnique, l'âge, les capacités, les revenus et le genre. Tous ces éléments peuvent avoir une influence importante sur la manière dont sont conçus les parcs et leurs programmes, ainsi que pour surmonter les obstacles à l’accès et améliorer la fréquentation.

Nous ne profitons pas tous des parcs de la même manière. Par exemple, dans notre rapport de 2021, nous avons constaté que les résident·es s'identifiant comme des personnes Noires, Autochtones ou de couleur étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer rencontrer des obstacles lorsqu’elles fréquentent un parc, comme la peur de la police, de recevoir une contravention ou de faire face au jugement social.

Des données recueillies au Canada montrent également que les quartiers pauvres et racialisés avaient moins accès aux espaces verts, ce qui a des conséquences sur la fréquentation des parcs de leurs résident·es et leur résilience face aux changements climatiques. Nombre de ces quartiers font également partie de la liste des îlots de chaleur urbains, où le manque d'espaces verts se traduit par des températures plus élevées, notamment en périodes de canicule, ce qui peut avoir des conséquences fatales pour les résident·es. Cependant, les employé·es municipaux ont exprimé le désir d’approfondir expressément la question de l’équité, en prenant notamment des mesures plus solides fondées sur des données et qui associent des données sociodémographiques à une cartographie thermique et à des indicateurs sur l'accès aux parcs.

« J’ai besoin de [données] démographiques. J’ai besoin de voir les choses sous un autre angle, au lieu de simplement calculer un ratio d’hectares de [parc] par millier. Mais que signifie concrètement ce millier? Je pense qu’il est nécessaire de se pencher en détail sur d’autres éléments qui devraient nous inciter à donner la priorité sur la façon dont nous répartissons. J’ai besoin de cette richesse de données pour nous aider à aborder cette notion d’équité. »
 un•e employé•e municipal•e
Festival pakistanais, RV Burgess Park, Toronto, Arts in the Park, Kat Rizza, 2023

Lorsqu'on leur a demandé leur point de vue sur les enjeux urbains dans lesquels le secteur des parcs peut apporter sa contribution, les employé·es municipaux placent la réconciliation, la lutte contre le racisme, l’itinérance et l'éco-embourgeoisement en bas de la liste. Il est intéressant de noter que ces questions sont aussi celles sur lesquelles le personnel municipal se sent le moins informé.

Nos entretiens suggèrent que de nombreux membres du personnel municipal reconnaissent l'existence d'iniquités systémiques et qu'elles constituent un défi majeur pour les parcs, mais qu'ils ne disposent pas des outils adéquats pour répondre à ces enjeux ni les mettre en œuvre dans leur propre travail.

« Je remarque des similitudes entre d’autres villes et la nôtre en ce qui concerne les questions d’équité sociale. Je n’ai pris conscience de cela qu’après avoir rencontré d’autres gestionnaires des parcs et des loisirs. Nous sommes toutes et tous aux prises avec les mêmes enjeux : l’itinérance, la sécurité alimentaire, les revenus faibles, les quartiers ayant des besoins élevés. C’est la première fois que je fais face à cette situation et c’est en réalité une chose positive, car les gens y accordent une grande importance. »
un•e employé•e municipal•e

Même s'ils disposaient des outils adéquats, la plupart d’entre eux ont indiqué que leur surcharge de travail les empêchait de prioriser les questions d'équité. Nous avons également appris que le personnel recruté pour gérer les questions d'équité était davantage exposé à l'épuisement professionnel en raison du poids que représente le fait d'être à la fois au contact des personnes qui rencontrent des problèmes d'équité et de faire office d’interprètes culturels auprès de la municipalité. Si le fait de recruter du personnel pour assumer ces fonctions est une bonne chose, la responsabilité de lutter contre les iniquités doit être répartie à travers les équipes municipales.

« La Ville a du mal à retenir son personnel [spécialisé dans la réconciliation]... cela leur demande beaucoup d’efforts d’essayer constamment de guider et d’éduquer. »
un•e employé•e municipal•e

Les municipalités doivent accroître la formation et le soutien de leurs effectifs afin qu'ils puissent appliquer des stratégies visant à réduire les iniqutés dans les parcs, notamment dans la planification et la conception des parcs, la concertation citoyenne, l'application des règlements et l'entretien des espaces verts.

La crise de l’itinérance étant devenue beaucoup plus visible pendant la pandémie, le sujet des campements a été mis sur le devant de la scène publique.

Comme nous l'avons décrit dans nos rapports de 2020 et de 2022, les services des parcs ont tardé à adopter des mesures axées sur les droits de la personne, et se sont souvent sentis mal équipés pour répondre éthiquement au fait que les parcs servent souvent de logements aux gens. Nous avons appris que la questiondes campements restait une priorité pour les Villes. Au cours de nos conversations, le personnel des Villes nous a dit percevoir de plus en plus l’itinérance comme une question plus complexe qu'un simple « problème de logement », et que le secteur des parcs avait un rôle à jouer pour identifier collectivement des solutions adaptées.

« Des campements ont émergé sporadiquement dans nos parcs et la population en situation d’itinérance les fréquente de plus en plus. Ainsi, nous explorons les meilleures façons de créer des espaces qui répondent aux besoins des personnes les plus vulnérables au sein de la population, en donnant notamment accès à l’eau et ce genre de commodités. Mais également, instaurer un lieu où les gens se sentent intégrés. »
 un•e employé•e municipal•e
Manifestation contre l'expulsion d'un camp d'itinérance, parc Trinity Bellwoods, Toronto, Hector Vasquez, 2021

Après la mise en place de nombreuses mesures temporaires et néfastes durant les premiers stades de la pandémie, nous constatons que les municipalités souhaitent désormais privilégier pour l’avenir des stratégies plus réfléchies et plus cohérentes fondées sur les droits de la personne.

« En ce qui concerne l’itinérance, nous constatons que le personnel travaillant pour nos parcs fait des choses qu’il n’aurait jamais pensé devoir faire un jour. Et nous ne sommes pas vraiment formé·es dans ce domaine. C’est incroyablement exigeant, sincère et émouvant. »
un•e employé•e municipal•e

Cependant, les Villes peinent toujours à mettre ces principes en pratique. Certains membres du personnel des parcs nous ont indiqué vouloir des directives plus claires de leur équipe de direction et que l'administration les aide à mettre en œuvre ces changements.

D'autres se sentaient submergés par la logistique. Certaines personnes ont fait part de leur insatisfaction quant aux processus de collaboration inefficaces entre les différents services, se sont dit dépassées par le volume des plaintes du public et ne sachant pas comment soutenir le personnel en première ligne dans les parcs confronté à des problèmes de santé mentale et d'épuisement professionnel. En raison du sujet délicat des campements sur le plan politique, il est rare que les municipalités échangent des renseignements entre elles, et de nombreux services des parcs se retrouvent face un sentiment d'isolement et d'incertitude pour gérer ces questions.

« Nous ne pouvons pas évacuer un campement d’un parc tant que ces individus n’ont pas de logement où vivre. »
un•e employé•e municipal•e

Il est important de noter que, pour la deuxième année consécutive, notre sondage public a montré que la majorité des citadin·es ayant constaté des campements dans les parcs de leur quartier ne sentaient pas dérangé·es par leur présence. Cela souligne la nécessité pour les Villes de privilégier des stratégies réfléchies et axées sur les droits pour gérer les campements dans les parcs, plutôt que des tactiques de déplacement se basant sur les plaintes du public et qui ne contribuent pas à trouver des solutions à long terme.

L'un des principaux sujets de désaccord liés aux parcs repose sur des idées divergentes concernant leur utilisation.

S'agit-il de lieux calmes, propices à la détente et à la connexion avec la nature? Des espaces de loisirs pour faire du sport? Des espaces sociaux pour organiser des événements publics? Des espaces productifs avec des cultures agricoles? La réponse à toutes ces questions semble de plus en plus être oui, et tout cela, souvent dans le même espace. De nombreux facteurs entrent en jeu, sur lesquels nous avons déjà rédigé plusieurs articles. À cet égard, les caractéristiques sociodémographiques, de même qu’un changement de culture pendant la pandémie, l’accroissement de la population et de la densité urbaine, les ressources foncières limitées pour créer de nouveaux parcs – en particulier les plus grands qui peuvent plus facilement permettre des utilisations multiples – poussent les Villes à accroître et à changer l’utilisation des parcs.

De nombreux facteurs entrent en jeu, sur lesquels nous avons déjà rédigé plusieurs articles. À cet égard, les caractéristiques sociodémographiques, de même qu’un changement de culture pendant la pandémie, l’accroissement de la population et de la densité urbaine, les ressources foncières limitées pour créer de nouveaux parcs – en particulier les plus grands qui peuvent plus facilement permettre des utilisations multiples – poussent les Villes à accroître et à changer l’utilisation des parcs.

« Il est difficile de répondre aux besoins de tout le monde. »
un•e employé•e municipal•e
Melanin Skate Crew, Toronto, Ksenija Hotic, Ami•es des parcs, 2022

Le personnel municipal se voit ainsi obligé de rattraper ces nouvelles tendances – des pratiques qui entrent souvent en conflit avec les anciennes façons d'utiliser les parcs. Par exemple, l'essor du pickleball a contraint les Villes à trouver en toute hâte des terrains pour répondre à la demande, en se tournant souvent vers des terrains de tennis sous-utilisés, provoquant des conflits avec les joueur·ses de tennis.

« Pour nous, qui travaillons dans les parcs, l’objectif est de concilier tous ces besoins et d’être à l’écoute de la communauté. Toutefois, les ressources foncières sont limitées et les voix les plus fortes ont tendance à prendre le dessus. »
un•e employé•e municipal•e

Longtemps considérés comme une « patate chaude » dans la conception des parcs, les parcs à chiens figurent également en haut du palmarès des infrastructures représentant des sources de conflit potentielles. Comme nous l'avons déjà abordé précédemment, ces discussions peuvent devenir très animées. Afin d’alléger les tensions, les Villes ont ainsi testé diverses solutions, comme d’accroître la concertation et la participation du public concernant l'exploitation des parcs à chiens.

« Tout le monde a besoin de plus d’espace, mais il n’y a pas assez de terrain à notre disposition. De plus en plus de sports émergents et originaux voient le jour, comme le Spikeball, le tennis léger et le Disc Golf…Lorsque de nouvelles idées émergent, nous nous retrouvons dans l’incapacité de les intégrer au sein des parcs sans en exclure d’autres et c’est un problème auquel nous faisons souvent face en ce moment. »
un•e employé•e municipal•e

Cependant, le problème est souvent lié à une superficie restreinte et des normes culturelles différentes, ainsi qu'à un besoin grandissant de nouer un dialogue avec le public sur la manière de partager l'espace dans des villes en perpétuelle croissance. Parfois, partager l'espace veut dire faire de la place pour les groupes méritant l'équité afin de prioriser leurs besoins, tandis que d'autres fois, l’objectif est de trouver le bon équilibre ou de concevoir des espaces flexibles pouvant être utilisés à des fins multiples.

On peut citer, par exemple, des zones pour les chiens sans laisse ouvertes à certaines heures de la journée ou des terrains prévus pour plusieurs sports. À l’avenir, les parcs devront être conçus pour répondre à différents usages, en fonction de la période et de la saison. En effet, de nombreuses Villes ne disposent pas d’assez d'espace pour se permettre, pendant la « basse saison », de laisser certaines zones de leurs parcs inutilisées, comme les terrains de sport extérieurs.

Là encore, ce type d'aménagements permettrait de répondre à la demande en termes de qualité des parcs. Comme l'a souligné une personne occupant un poste de direction dans un service des parcs, intégrer des critères de flexibilité dans la conception des espaces publics sera essentiel pour offrir des parcs de haute qualité à l'avenir.

Cette année, les citadin·es que nous avons interrogé·es ont à nouveau déclaré avoir l'impression de ne pas avoir la capacité d'influencer les décisions concernant les parcs de leur quartier.

Mais heureusement, la majorité de ces personnes semble vouloir s’investir d’une manière ou d’une autre, que ce soit en participant à des activités de sensibilisation ou des événements publics. Si le manque de temps semble être la raison principale mentionnée par les citadin·es, trois autres raisons sont liées au manque d'information ou de soutien de la part de la municipalité.

« Nous avons reçu de nombreuses demandes de la part de groupes citoyens qui demandent des installations spécifiques et souhaitent obtenir des fonds pour des événements et des programmes. Ce serait vraiment génial si nous pouvions tout faire, mais nous devons malheureusement faire face à un manque de ressources humaines et financières. Cela limite la quantité de travail que nous pouvons réaliser avec les communautés. »
 un•e employé•e municipal•e
Carte postale des priorités stratégiques, Ville de Kingston, 2023

Et nous en revenons à la question du temps et des moyens financiers fournis par les municipalités. Si les citadin•es semblent de plus en plus souhaiter s'investir dans les parcs, aucune augmentation budgétaire n’a été constatée pour accroître les programmes de bénévolat. Fait intéressant : bien que la majorité des employé·es municipaux ont déclaré avoir noué des liens solides avec les groupes citoyens œuvrant dans un parc, ils ont également déclaré que la Ville ne disposait pas des ressources suffisantes pour les soutenir. Par ailleurs, notre sondage mené auprès de plus de 100 groupes citoyens a révélé que la majorité d'entre eux n'avaient pas le sentiment d'avoir des liens solides avec leur Ville. Il semble donc exister un décalage clair dans la perception de ces parties prenantes.

Lorsque l'on a demandé au personnel municipal comment il soutenait les groupes citoyens, beaucoup ont mentionné des processus et projets ponctuels plutôt qu'une approche continue ou systématique. Une grande partie du soutien financier accordé aux groupes citoyens repose sur des subventions d’équipement et des ententes de cofinancement plutôt que sur un soutien permanent pour contribuer à leurs opérations ou programmes. Bien que ces mesures puissent être utiles pour créer de nouveaux aménagements, elles ne permettent pas de soutenir les groupes citoyens dans la durée, ce qui peut conduire à un épuisement professionnel chez les bénévoles.

« Les actions entreprises par ces groupes citoyens comblent un besoin qui nous tient vraiment à cœur, qu’il s’agisse d’individus qui ont pris en charge des espaces et effectuent des opérations de nettoyage ou qui assurent la propreté des zones naturelles où nous n’avons vraiment pas assez de personnel pour nous en occuper. Cela revêt une grande importance. Nous faisons donc tout notre possible pour les soutenir. »
un•e employé•e municipal•e

Créer des programmes favorisant une participation citoyenne plus durable nécessiterait davantage de ressources, mais favoriserait aussi une plus grande stabilité au sein des groupes citoyens tout en offrant un terrain de jeu plus équitable. Les mécanismes de financement ponctuels ou ceux qui reposent sur des ententes de cofinancement bénéficient le plus souvent aux quartiers ayant déjà de bonnes relations ou étant en mesure de recueillir des fonds.

Apporter un soutien aux groupes citoyens ne permet pas simplement d’animer les parcs d’un quartier et de favoriser des programmes bénévoles d’intendance environnementale, qui peuvent avoir un effet positif sur les percussions sociales et écologiques d'un parc. Les employé·es des Villes reconnaissent également le rôle important de militant·e que jouent les bénévoles en exprimant souvent à haute voix ce que le personnel municipal ne peut pas dire en public.

« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un groupe de défense solide qui intervienne et se rende au conseil municipal pour exprimer son mécontentement à propos de ces problèmes afin de susciter des changements. Souvent, ce n’est pas nous qui provoquons le changement; c’est plutôt le public qui en est le moteur. »
un•e employé•e municipal•e

Ces revendications portent souvent sur l’augmentation des financements publics dans les parcs et l'amélioration des infrastructures, ainsi que sur la mise en évidence des lacunes et des problèmes qui existent dans les mécanismes actuels. Certains employé·es municipaux ont déclaré que les revendications du public – comme le dépôt de doléances auprès d’un conseiller municipal ou l’organisation d’une campagne publique – représentaient l'un des moyens les plus efficaces d'obtenir le soutien de la municipalité pour des initiatives et des projets relatifs à un parc.

Comme souligné lors d’un entretien, bien que des groupes de défense des intérêts dirigés par des bénévoles existent dans certaines villes, ceux-ci se concentrent souvent sur des problématiques spécifiques, comme un parc à chiens ou la pratique du pickleball. Lors de cet entretien, il a aussi été indiqué que les citadin•es auraient davantage de poids en créant des groupes de défense d’un parc portant sur des thèmes plus généraux comme les budgets ou l’aménagement du parc. Bien que la Ville ne puisse elle-même créer de tels groupes, elle peut néanmoins soutenir plus activement les citadin•es qui s’impliquent dans ces problématiques en investissant dans des programmes bénévoles, des subventions et des aides en nature.

Ces cinq dernières années, les arguments sur les innombrables avantages des parcs se sont multipliés.

Ce qui n'a pas augmenté, en revanche, ce sont les fonds dont disposent les services des parcs pour concrétiser ces avantages dans leur réseau de parcs afin de répondre à la croissance démographique, pour avoir recours à des matériaux de construction de qualité et pour soutenir la participation accrue du public. Ce manque de financement adéquat a eu de nombreux effets néfastes sur les parcs et leurs effectifs : retards dans les projets, non-respect des normes d'entretien, réduction des programmes destinés au public et baisse du nombre d’employé·es, pouvant conduire à l'épuisement professionnel du personnel.

« Pour nous, au quotidien, il s’agit simplement de trouver le temps de traiter tous les problèmes qui se présentent à nous. Le temps que je consacre réellement à la planification représente 10 %, voire peut-être 20 % de mon travail et si je pouvais, j’inverserais cela. Mon emploi du temps serait principalement axé sur la planification et je ne passerais que 20 % de mon temps à être réactif. »
 un•e employé•e municipal•e
Une cérémonie Autochtone à High Park pendant la conférence des ami•es des parcs, Ksenija Hotic, 2023

Il s’avère que les coupes budgétaires réalisées dans les parcs ne sont pas immédiatement ressenties de la même manière que les coupes budgétaires dans les autres services de la Ville. La baisse du budget des bibliothèques, par exemple, se traduira par la réduction des heures d'ouverture, et le fait que les usager·es trouveront porte close quand ils se rendent à leur bibliothèque de quartier.

Mais il faudra souvent des mois, voire des années, pour que les réductions budgétaires réalisées dans les parcs soient perceptibles et que le public constate l’apparence miteuse des terrains de sport, les bancs en mauvais état, les fontaines d'eau en panne et les poubelles qui débordent.

Par conséquent, comment pouvons-nous faire en sorte que l'une de nos ressources les plus précieuses – l'espace public – reçoive l’appui financier nécessaire pour maximiser son potentiel?

Le personnel des Villes nous a dit qu’une meilleure collaboration entre services et entre administrations permettrait de décloisonner les financements et la prise de décision. Qu'il s'agisse du service du logement, de la santé publique, du développement social, du développement économique ou de tout autre service municipal, il est fort probable qu’un projet de parc réponde à certains de leurs propres objectifs stratégiques.

De plus, la structure des services des parcs peut également jouer un rôle. Le service des parcs de chaque municipalité avec laquelle nous nous sommes entretenus présente une structure différente. Certains membres de leur personnel sont regroupés dans le même service, tandis que d'autres municipalités séparent le personnel responsable de la planification et des investissements du personnel responsable des opérations. D'autres encore affectent leur personnel responsable des loisirs dans d'autres services. Bien qu'il n'existe pas de formule parfaite pour structurer le travail dans les parcs, le personnel nous a confié que diviser les effectifs responsables de la planification, des investissements et des opérations entre différents services pouvait affecter la culture interne, les priorités et les possibilités de collaboration au sein de leur service.

« Les collègues du secteur des transports avec qui nous collaborons sont parfaitement en phase avec la direction que nous prenons en ce qui concerne les parcs et les espaces ouverts et nous constatons que nos objectifs convergent. »
un•e employé•e municipal•e

Les relations de plus en plus étroites entre le service des transports et celui des parcs, qui supervisent ensemble les routes et les parcs qui représentent la grande majorité de l'espace public dans les Villes, constituent un point positif dans ce domaine.

De nombreux membres du personnel municipal avec lesquels nous nous sommes entretenus ont indiqué que la collaboration accrue entre ces services avait conduit à des projets innovants avec de multiples avantages. Par exemple, la Ville de Vancouver a souligné que la collaboration entre la Commission des parcs et son service de génie civil dans le cadre de sa stratégie Rain City avait conduit à des projets réduisant le ruissellement des eaux de pluie tout en créant de nouveaux espaces verts pour les citadin•es et des habitats pour la faune sauvage.

À Toronto, la collaboration entre le service des transports et celui des parcs a permis de réaménager des endroits comme le parc Berczy, en transformant les routes adjacentes en lieux publics flexibles afin d'élargir visuellement et physiquement l'espace public, tout en ralentissant la circulation routière.

Ces collaborations permettent aussi de créer des espaces plus fonctionnels et plus esthétiques, tout en contribuant à la réalisation des objectifs des deux services. Bien qu’une hausse des budgets alloués aux parcs soit toujours requise, les municipalités doivent aussi favoriser davantage la collaboration entre leurs divers services pour certains projets qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs respectifs tout en partageant les coûts.

« Presque tous les services avec lesquels je travaille fonctionnent à 110 % de leur capacité. Leur objectif est de faire avancer tout projet qui leur est confié. Il s’agit parfois du plus grand défi. Tout le monde doit être extrêmement rapide, tout en demeurant le plus courtois et respectueux possible pour obtenir la meilleure solution qualitative finale, celle qui puisse rassembler le plus de personnes possible. »
un•e employé•e municipal•e

Avec le temps, le travail mené dans les parcs ne va pas aller en se simplifiant, au contraire, il risque de devenir de plus en plus complexe. Il reste encore beaucoup à faire pour concrétiser l'idéologie selon laquelle les parcs représentent les espaces démocratiques de nos villes, dans lesquels se réunissent les citadin•es pour célébrer leurs points communs et leurs différences. Pour réaliser ce potentiel, les Villes doivent créer une culture interne reposant sur le soutien mutuel et la collaboration dans leur service des parcs et avec les autres services municipaux.

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