La pandémie continue d'affecter radicalement nos relations avec les autres, l'espace que nous occupons et le territoire sur lequel nous vivons. Elle nous donne aussi l'occasion de remettre en question nos modes de pensée. En tant que lieux de rencontre favorisant la mobilisation et le débat citoyen, les parcs constituent un cadre idéal pour réfléchir à ces relations et à la forme que nous aimerions qu'elles prennent dans l'avenir.
Dans le rapport de cette année, nous nous penchons sur l’expérience vécue par les communautés Noires, Autochtones et les autres personnes racialisées sur les terres qu’occupent les parcs. Nous verrons quels rôles elles ont joué pour façonner ces lieux et comment nous pouvons les aider désormais à porter le flambeau. Pour mener ce travail à bien dans les parcs, il est essentiel de créer une « nouvelle normalité » dans laquelle nous avons une responsabilité partagée envers la terre.
La résurgence de mouvements affirmant la souveraineté Autochtone et la libération des Noirs a remis ces questions sur le devant de la scène. En se tenant dans les espaces verts des villes, ces mouvements ont forcé les municipalités, les responsables de programmes publics et la population à se demander comment répondre à ces questions importantes dans la gestion des parcs.
Que comprend donc cette « nouvelle normalité »? Une « nouvelle normalité » favorisant les anciennes et les nouvelles relations avec les espaces verts. Un système donnant la priorité à la souveraineté Autochtone et à la sécurité des personnes Noires, encourageant différents types d'accès, où des cérémonies culturelles peuvent se produire et où les frais de permis ne constituent pas un frein. Une « nouvelle normalité » qu’il est possible d’atteindre grâce à un soutien mutuel entre les citoyens, les autres espèces vivantes et la terre.
La gestion environnementale des parcs suscite un intérêt croissant. Dans notre sondage public, les personnes interrogées s'identifiant comme des personnes Noires, Autochtones ou de couleur ont déclaré que la pandémie les avait incitées à s'intéresser davantage aux activités de gestion environnementale ou à la protection des espaces naturels dans leur ville (70 %) que les personnes blanches (54 %).
La discrimination peut constituer un obstacle à l'utilisation des parcs. Notre sondage a montré que les personnes Noires, Autochtones et de couleur (22 %) étaient plus de deux fois plus susceptibles que les Blancs (8 %) de rencontrer des obstacles à l'utilisation des parcs, notamment à cause du harcèlement ou de la discrimination. En outre, 43 % des municipalités ont déclaré que la lutte contre les inégalités systémiques et la discrimination dans les parcs constituait un défi pour elles.
Les personnes de couleur ont été, et continuent d'être, de fervents défenseurs des parcs. Même s'ils sont plus susceptibles de rencontrer des obstacles à l'utilisation des parcs à cause du harcèlement ou de la discrimination, les personnes Noires, Autochtones et de couleur (46 %) étaient plus enclines à s’exprimer sur les questions touchant leurs parcs que les personnes blanches (30 %).
- Réfléchir à la manière de mettre en œuvre des activités de gestion environnementales collectives grâce à l’expérience des aînés Autochtones. Ceci pourrait passer par l'établissement d’un dialogue interculturel afin d’apprendre les uns des autres sur l'histoire de cette terre via des programmes citoyens.
- Écouter attentivement les personnes Noires, Autochtones et de couleur qui ont fait preuve de leadership dans les parcs. Cela implique de rémunérer ces personnes pour leur travail, que ce soit dans le cadre de leur rôle consultatif ou en tant que membres d'un comité interne sur la diversité, l'équité et l'inclusion.
- Remettre en cause les institutions qui façonnent l’expérience des usagers des lieux publics, comme les services municipaux des parcs et les organisations sans but lucratif, afin qu'elles agissent en faveur de la justice raciale. Des outils, comme des politiques d'embauche équitables, le financement d’activités auprès des résidents racialisés et la mise en place d’un processus de reddition de compte, permettent d’y contribuer.